La Monnaie de CAMBRAI

Repères Historiques de 911 à 1599

 

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911

Charles le Simple concède à l'Evèque Etienne I le droit de fabriquer et de vendre sa propre monnaie "possident percepto mercatum et proprii numismatis percussuram".

940

L'empereur Otton 1 accorde à l'Evêque Fulbert le droit de battre monnaie à Cambrai.

977

Son fils Otton 2 fait de même pour l'Evêque Rothard.

1001

Dans un diplôme daté à Ravennes, l'Empereur Otton 3 accorde ce droit pour Cambrai et le Cateau-Cambrésis à l'Evêque Erluin. Il est spécifié que le dixième du tonlieu et de la monnaie émise appartiendrait à l'église "ad usum fratum", à destination du chapitre de la cathédrale.

1003

Dans un diplôme daté du X de kalendes (juin) à Gaudersheim, l'Empereur Henri 1 renouvelle ce droit.

1007

Henri 2 donne à l'Evêque de Cambrai et à son Eglise le comté du Cambrésis;  l'Eglise Saint Marie devenue souveraine de la cité possède le droit battre monnaie.

1059

On a retrouvé une maille attribuée par M. C. Robert à Manassès Evêque de Cambrai de 1095 à 1103. Cette maille porte à l'avers la lettre M en onciale.

1119

En novembre, le Pape Calixte 2 confère le droit monétaire à l'Evêque Burchard.

1153

Frédéric, roi des Romains, reconnait ce droit à Nicolas de Chièvres.

1182

Devenu empereur, Frédéric confirme le privilège à l'Evêque Roger.
1210 Les prévost, échevins et 27 hommes de la cité qui avaient établi un change sans autorisation de l'Evêque doivent reconnaître qu'il a seul le droit d'instituer des tables de change, de nommer les changeurs et qu'il peut louer à qui il le veut les comptoirs de change qu'il a créé ou les détruire si bon lui semble.

 

1249-1273

Nicolas de Fontaines devient Evêque de Cambrai. On ne possède pas de pièces aux effigies des evêques qui lui soient antérieures. Suivent les effigies de:

1274-1285

Enguerrand de Créquy. Une sentence arbitrale de 1282, rendue en la fête de la saint Marc spécifie que le dixième de la monnaie gravée dans la cité doit revenir au chapitre, suivant les privilèges de l'église que les évêques son obligés de respecter. Si l'évêque faisait ailleurs qu'en la cité, il devait payer au chapitre 200 livres par an à cause de ce dixième. Sinon, l'amende à payer était de 1000 marcs d'argents.

1286-1296

Guillaume de Hainaut. Le comte Guillaume de Hainaut accorde au lombard Jean Lyonin le droit de frapper monnaie à Walincourt.

1297-1305

Guy de Collemède. En l'octave de saint-Martin 1299, il proclame que c'est à lui seul qu'incombe le droit de battre monnaie, que seule la pièce d'argent qu'il faisait faire valait 5 tournois et qu'elle avait cours par tout le comté et que les monnaies des autres princes devaient s'aligner sur le cours qu'il donnait. En 1304, Jean II d'Avesnes, comte de Hainaut, commet Jean Hanon, de Gand, pour faire de la monnaie de cambrésis. Les fiefs étaient en effet très mélangés, avec du Cambrésis enclavé dans le Hainaut et vice versa. Cette situation multipliait les manipulations monétaires d'autant que le commerce florissait.

1306-1309

Philippe de Marigny. Le comte de Namur envahit Cambrai, le chapitre menacé retire ses biens et gens. Les vassaux de l'époque dans l'état de confusion font battre monnaie. Ainsi Jean de Flandres Nigelle au château de Crévecoeur, Jean sire de Walincout qui se réclamait du Hainaut et parce que le comte Guillaume de Hainaut avait accordé au lombard Jean Lyonin le droit de frapper à Walincourt. Le comte de Ligny (en Barrois - Meuse) Wallerand 1 de Luxembourg faisait aussi battre monnaie de Cambrai en son château de Serain, comme vassal de Walincourt.

1310-1324

Pierre Mirepoix de Levis. En 1310 le Pape Clément V délivrait à Pierre de Mirepoix le droit d'excommunication. En 1311, il réuni un synode à l'église saint Martin du Cateau. Il fit inscrire aux statuts un décret d'excommunication contre ceux qui contreviendraient à son droit de battre monnaie, soit en faisant monnaie particulière soit en fabriquant des pièces analogues aux siennes, ou qui refuseraient d'accepter sa monnaie dans leur transactions. Jugeant plus profitable de se servir d'un maître monétaire commun aux deux pays de Hainaut et Cambrésis, il confie le 2 juin 1312 à Jehan Vignez, bourgeois de Valenciennes et à Frankine Pistoie, lombard et maître de la monnaie à Valenciennes le soin de faire pour un an des gros du cambrésis d'une valeur de 6 deniers parisis. En une semaine, 200 marcs d'argents devaient être ouvrés. Le 28 août 1312, le comte de Hainaut et l'évêque entérinèrent solennellement les nomination et afin de faciliter les échanges commerciaux, donnent libre cours à leurs monnaies réciproques. Le 13 décembre 1318, Mirepoix donnait à ses monnayeurs et ouvriers assermentés de cambrésis et à ceux du Brabant qui les servaient le soin de réaliser l'ouvrage de ses monnaies du Cambrésis. Il pouvaient utiliser des ouvriers étrangers au besoin, à condition de prêter serment à l'évêque en échange de franchise et sauvegarde, d'une exemption de tailles ou impôts, et d'une dépendance juridique de son bailli ou de lui-même.

1324-1336

Guy d'Auvergne.

1337-1342

Guillaume d'Auxonne

1342-1348

Guy de Ventadour. En mars 1347, une ordonnance précise le nom d'un des maîtres de la monnaie de Cambrai, Jean Bougier, clerc d'Arras. Il doit réaliser des deniers blancs qu'on appellera au levault, dont la face portera "civitas cameracensis" entre les 4 quartiers d'une croix et par devers une petite croisette, des deniers noirs, des mailles d'or, mailles estreline dont la pille aura l'image de saint Jean. Guillaume Cabus est essayeur et Jacquemin le Bertrand l'adjoint du Maître. Florin de Guy de Ventadour

1349-1368

Pierre d'André. En 1365 le chapitre de Cambrai met en prison le fournier Symon de Boiry (maître-boulanger) pour avoir renseigné un officier en mission de Charles V, roi de France, sur ceux qui importait de France illégalement le billon destiné à la frappe de la monnaie cambrésienne. Les espèces battues à Cambrai ressemblaient par trop au "frans à cheval et blancs de 12 deniers parisis la pièce sur la forme et grandeur des nostres". Jean Prignos ou Poignot est nommé Maître de la monnaie et Guilain de la Bruyere, garde. Ils prêtent serment devant le chapitre. Le 31 juillet 1366 Léonard dit Pierre de Florence prête serment comme Maître et le 31 août Pierre d'André renouvelle les privilèges accordés par ses successeurs. En 1368, le roi de France envoie des délégués pour faire cesser la frappe de monnaies semblables à la sienne au château d'Elincourt par son cousin le comte de saint Pol.

1368-1371

Robert de Genève. Le 8 décembre 1368 il ordonne la frappe de francs d'or à 23 carats, de deniers blancs à 7 deniers, de deniers noirs à 3 mailles de la loy et de 12 sols 4 deniers de taille. Le 13 janvier 1370 il commande à Léonard Pierre de Florence des florins à un conte figuré à pied, tels que les 64 et un esterlins des dits florins poissent 1 marc.  Le 5 septembre il est confirmé dans ces fonctions avec la charge de fabriquer frans d'or à cheval de 64 et 1 esterlin des dits frans, deniers blancs de 6 deniers, deniers noirs de 8 deniers. Le 26 septembre Pierre Léonard prête serment devant le chapitre. En 1371 Robert de Genève doit reconnaître que le droit de change devait être également partagé avec le chapitre. Le 8 mars de cette année, Jean Cavès est adjoint à Léonard pour fabriquer avec lui doubles moutons de 23 carats et gros d'argent de 8 sols au marc. Le 13 mars, l'orfèvre Clément prête serment comme garde de la monnaie. (Francs de Charles V en couleur: à pied à cheval

1371-1378

Gérard de Dainville. Pierre de Florence est confirmé dans sa charge le 5 avril 1572, pour réaliser doubles moutons qui seront à un carat de moins que les francs du roi de France, gros d'argents valant 18 deniers et des florins à l'empreinte d'un évêque tenant à dextre un écu de Cambrai et une croche à senestre. Il devra faire en sus des florins comte à cheval d'un demi-carat de moins que les francs du roi. Il semble que ce soit ces derniers qui auraient mécontenté le roi.   En 1376, Charles V accorde rémission à Guiselin le charpentier "orfèvre nostre subject et né en nostre dict royaume qui avait taillé en coings ces dites pièces" (francs d'or et blancs de 12 deniers) ainsi qu'à l'évêque "nostre ame et feal conseiller". Cependant, il fait arrêter par son bailli ceux qui ont travaillé ou transporté les francs à pied et à cheval, moutons et blancs, en quelque lieu saint ou non où ils puissent être saisis.

1390-1396

André de Luxembourg. En 1392, Philippe le Hardi arbitre un différent entre l'évêque et le chapitre sur des questions de change. Le 8 septembre l'évêque André nomme un changeur, Clément, comme Maître et Robert de Noyers comme garde .

1397-1411

Pierre d'Ailly. L'opposition du duc de bourgogne fait qu'il ne peut siéger que 2 ans après André de Luxembourg. Il fait prêter serment aux changeurs et fixe la valeur de la couronne royale au sol tournois cambrésien ainsi qu'au noble d'Angleterre, de Gand, au lyon de Flandre, au vieux patacon de Flandre et toute monnaie étrangère admise à cambrai. Le tarif du change fut réglementé: "ne prendre allant et venant plus de 3 deniers pour le change d'1 couronne...4 deniers pour 1 noble et autant de monnoyes entre les deux."

1413-1439

Jean de Gavre dit de Lens. En 1421 il fait de nouvelles ordonnances sur la monnaie de Cambrai  et nomme le 6 janvier le bourgeois de Valenciennes Jacques Lallier comme Maître pour 3 ans. Il devra faire en l'hôtel des monnaies anges de cambray deniers d'or de 64 du marc ayant cours pour 27 sols tournois et demi-deniers pour 13 sols 6 deniers. Les deniers d'argent auraient la même valeur que ceux du hainaut forgés à Valenciennes, soit 12 deniers la pièce, les deniers noirs vaudraient 7 deniers tournois. Le 1er avril les mêmes privilèges que ceux des prédécesseurs sont accordés aux gens de la monnaie. Le 26 août l'évêque doit à nouveau fixer le cours des monnaies en réévaluant: 1 couronne de France vaudrait 27 sols tournois, 1 moutoncel 18 sols tournois, 1 florin de Arnhem 18 sols 6deniers tournois, 1 noble 52 sols, 1 double gros des Flandres 15 deniers obole, 1 tarclar 18 deniers, les croix des comtes de Hainaut 18 deniers et les autres monnaies à l'avenant. Il interdit de transporter hors du Cambrésis billon, or ou argent, sous peine de confiscation et de 12 marcs d'amende.
1442-1460 L'atelier du chapitre fait travailler un graveur et ses employés sous la surveillance d'un trésorier. En 1460, c'est le chapelain Gobert le Mannier qui assure cette fonction,  accompagné de Georges de Pérenchies qui forgeait et de Blancpain graveur. Le 12 février 1460, le chapitre apprend que des pièces ont été contrefaites. Ils demandent aux échevins de publier le 25 février une ordonnance demandant aux détenteurs de leurs pièces de les rapporter avant le 9 mars à deux chanoines, pour les échanger contre d'autres marquées d'un signe particulier. Les magistrats de Lille demandent la prise du sieur Gobert.   Georges de Pérenchies, détenu prisonnier, avoue qu'il avait introduit à Cambrai 15 milliers et plus de blancs de 6 deniers qu'il avait forgé à Lille sur un coin rompu récupéré, autrefois gravé par Blancpain. Les monnaies avaient été réalisées avec l'agrément du chapitre et délivrées à messire Gobert.  Pérenchies fut exposé à la foule sur un échafaud trois jours durant, avec une mitre où était inscrite son forfait. Gobert fut jugé le 18 juillet 1460 devant le chapitre et condamné à une repentance à genoux, à la restitution de 1500 bancs de 6 deniers, à un pèlerinage à N.D. de Liesse. Il devrait donner en sus 100 francs de monnaie cambrésienne à la fabrique de l'église.
1460-1480 Le changeur du chapitre Mathieu le grand, dit Oudard est convaincu d'avoir falsifié des blancs de 6 deniers et d'en avoir vendu un grand nombre. Arrêté, il est jugé le 27 septembre 1480 et condamné au bannissement. Les méreaux de 6 deniers ne purent être changées par pénurie d'espèces de 2 et 1 deniers.

1480-1502

Henry de Berghes. Une proclamation des échevins du 16 novembre 1483 demande que tous les blancs de 6 deniers soient amenés aux délégués du chapitre pour être remplacés, cela avant la Noël. Pour être valables, les méreaux devaient porter désormais un petit lion au centre de la croix. On en fit de 4 deniers, marqués de ce signe qui remplaceraient les blancs falsifiés de 6 deniers. C'est Jacques Marin, chanoine qui était chargé des comptes, assisté de Pierre des Oteulx, graveur. Les troncs de l'église étaient remplis de ces méreaux prohibés. Une ordonnance du chapitre du 11 juin 1488 prescrit une couronne comme nouvelle enseigne aux méreaux. 6 deniers de l'ordonnance de 1488. Autre image.

Selon certaines sources, Henri de Bergues aurait fait forger des ducats d'or, gros, demi-gros et deniers en son palais. Des registres capitulaires du 22 mai 1499 mentionnent les comptes du Maître des monnaies Jean de Vreys à Henry, sur les gros d'argent qu'il a fabriqué, soit 8466 cette année là.

1502-1556 Jean de Bourgogne, et les trois évêques de Croy ne semblent pas avoir émis de monnaies à Cambrai. Il existe cependant une monnaie de billon émise par le chapitre de saint Géry en 1537 et 1539 sous Robert de Croy portant à l'avers un évêque mitré.

1556-1570

Maximilien de Berghes , fait battre monnaie comme Evêque et prince autonome en 1561 puis sous le contrôle des états germaniques du cercle de Westphalie à partir de 1564.  Le Maître, l'essayeur et le garde devaient prêter serment à Cologne. Il n'est installé comme Archevêque qu'à partir du 22 mars 1562, trois ans après la création du siège. Pour succéder à Jehan Carpreau, il fait venir d'Anvers Hans Crul comme Maître de sa monnaie le 24 juin 1561, pour dix ans. Robert Lefebvre, bourgeois et orfèvre de Cambrai est nommé Graveur. Antoine d'Ath,  garde, est  remplacé par Nicolas Legrand, bourgeois de Cambrai et orfèvre. Les comptes du 24 juin 1561 au 23 septembre 1562 indiquent la fabrication de 94 pièces d'or de 24 patards cambrésiens, 222 dallers de 36 patards cambrésiens, 2014 autres daller ayant un saint Maximilien à l'avers et au revers le double aigle et les armes de l'évêque, 2392 pièces de 6 patards cambrésiens, 90 deniers valant 1 patard, 25 pièces de 3 patards, 30 deniers d'argent de 12 deniers cambrésiens, 6 pièces d'argent de 6 deniers cambrésiens, 5 pièces de 3 deniers cambrésiens et 1178 pièces de 1 denier en cuivre.  Robert Lefebvre sera remplacé par Louis Lefebvre, également orfèvre à Cambrai, puis par Georges de Munich, natif de liège, qui continua sous Louys de Berlaimont.

1570-1596

Louis de Berlaimont, Archevêque. A la mort d'Hans Crul, il fait agréer à Cologne le 18 mars 1572 Hubert ou Libert de Falkenburg comme Maître, Guillaume Commart comme Garde, et Nicolas de Pondre ou Poix comme graveur Essayeur (ils étaient en fonction depuis 1567). Louis de Berlaimont fait réaliser chez lui par Catherine Struiyx, Maîtresse des Monnaies le 15 mars 1573 et veuve d'Hans Crul,  la forge des monnaies de la ville, cité et duché de Cambrai. La frappe cesse en 1580, date de l'exil  de Louis à Mons. Seront fabriqués une monnaie d'or de 40 patards de Flandre, un florin et un daller du même type de 38 patards de Flandre. Le 18 juillet 1586, Catherine Struycz, veuve de Mathieu Grard à Mons, rendait son troisième et dernier compte à Louis pour les monnaies qu'elle avait faites du 20 août 1573 au mois d'avril 1580

1580-1588

Après le départ de Louis de Berlaimont, les Echevins de Cambrai firent fabriquer des pièces de cuivre de 10, 5, 2, 1 patard où figuraient les armes de Cambrai en même temps que des dalders carrés et demi-dalders lesquels valaient 42 patards et le demi à l'avenant. François duc d'Alençon ou d'Anjou, Catherine de Médicis, Henri IV, protecteurs successifs de la cité, firent graver en or ou argent des médailles ou jetons à leur nom et Cambrai.
1589-1599 Balagny, gouverneur de Cambrai pour la France puis pour lui-même, fit fabriquer à son nom des monnaies d'argent. En 1595, lors du siège de la ville par les espagnols, il fit réaliser de la monnaie de cuivre. Celle-ci est difficile à faire circuler, le 15 février 1596 les prévôts et échevins faisaient retirer de la circulation ce numéraire en cuivre. Les registres capitulaires de 1599 évaluent cette monnaie à 80780 florins, 14 patards et demi.
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Ilustrations de M. C. Robert et autres, réalisation F. Bécuwe.

D'après M.C. THELLIEZ, Archiviste diocésain, in LA MONNAIE DE CAMBRAI, 1959, Sté Numismatique du Nord de la France.

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