Une Brève Histoire du Franc
Dans l’Ancien Régime, les monnaies réelles ou monnaies sonnantes ou "palpables" portaient toutes un nom. Leur énumération remplirait tout un chapitre. Rappelons en quelques uns : Gros, Blanc, Maille, Teston, Ecu, Louis, Dizain, Douzain, Agnel, Mouton, Chaise, etc... sans parler des dénominations provinciales.
Ces monnaies ne portaient jamais la mention de la valeur pour laquelle elles circulaient. La puissance publique, c’est à dire le pouvoir royal, fixait arbitrairement le cours de la pièce émise. C’est à partir de la Révolution française que la valeur de compte sera indiquée sur les monnaies.
Toutes les monnaies de l’Ancien Régime, au cours de leur existence ont eu leur valeur raccordée à un système monétaire : la monnaie de compte.
Une monnaie de compte peut être définie comme une monnaie en fonction de laquelle s’expriment des sommes d’argent indépendamment des espèces qui pourront servir au règlement.
Cette monnaie de compte est devenue d’un emploi général sous Philippe le Bel. Elle s’est instaurée d’elle même par la nécessité de la tenue des comptes.
Initialement, deux systèmes principaux de comptes se présenteront : le système de la Livre Parisis et celui de la Livre Tournois, tous deux divisés en sous (20 sous pour 1 livre) et deniers (12 deniers pour un sou).
Au fil des siècles, seul subsiste en France le système tournois, plus pratique et ayant acquis un caractère international que n’eut jamais le Parisis.
Louis XIV par ordonnance d’avril 1667 abolit définitivement la Livre Parisis, qui pratiquement n’était presque plus utilisée.
La Livre Tournois n’était pas représentée par un poids invariable de métal fin. C’était une valeur abstraite dont aucune espèce ne portait le nom.
C’était une unité de mesure monétaire.
Or, le Franc dès sa création, en 1360, est émis pour une Livre tournois de 20 sous et les autres monnaies qui par la suite porteront ce nom, seront également émises pour 20 sous.
Pour une fois, par exception, une monnaie réelle se confond avec la monnaie de compte, ce qui vaudra au Franc une réputation qui franchira les siècles.
En Hainaut Français, on utilisera encore comme monnaie de compte le Florin (divisé en 20 patars), jusqu’au début du 19ème siècle, sur la base de 1 Florin = 1L.T. 5 s.t. ou en Livre Tournois décimale 1 L.T.,25.
On comptera également en Livres du Hainaut jusqu'à la Révolution Française, une Livre du Hainaut valant un demi Florin de compte.
Le moins que l’on puisse dire, est que cette manière de compter était assez complexe et ne pouvait pratiquement s’effectuer qu’à l’aide de tables de conversion.
Tout cela était l’héritage des anciens usages bourguignons et espagnols, usage que l’arrivée du Franc décimal ne fit pas disparaître du jour au lendemain.