Les Deniers d Ypres

bouffon41.gif (1897 octets) Philippe d Alsace, comte de Flandre

1168 - 1191

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Sur le denier suivant, une controverse opposat Ch. Piot et M. Gaillard, ce dernier ayant probablement "emprunté" les travaux du premier sur les monnaies des comtes de Flandre. C'est pourquoi deux versions s'affrontent lors de la détermination du spécimen.

 

1) Av. Ornement formé de 4 arcs, aboutés aux sangles d'un globule, et entouré de trois feuilles; légende: PHILIPVS.

Rev. Croix patée, cantonnée de 4 croissants et inscrite dans un grenetis; légende: IPREoA.

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"Quel est le personnage du nom de philippe, qui est désigné sur cette monnaie? M. Gaillard affirme, sans en faire connaître les motifs, que c'est un monétaire. Il ajoute seulement que cet officier travaillait à Ypres, à Arras et peut-être aussi à Lille."

"Rien n'est moins vrai. Jamais aucun denier n'a été frappé dans le comté d'Arras au nom d'un monétaire; jamais un denier n'a été marqué du nom d'un fonctionnaire semblable, ni à Lille, ni dans aucun autre atelier monétaire du comté de Flandre. Les noms de Gerolf et Arnoul qui sont gravés sur des deniers frappés à Gand et à Aloste, n'appartiennent pas à des monétaires, mais probablement à des gouverneurs de Flandre."

"Lorsque le monétaire Simon signa les deniers frappés pendant le règne de Philippe d'Alsace, ceux-ci n'étaient pas forgés en Flandre, comme M. Gaillard le soutient. Ils le furent dans le comté d'Amiens, ainsi que nous l'avons démontré dans le Revue de la numismatique belge. Ce comté a été possédé momentanément par Philippe d'Alsace, ensuite de son mariage avec Isabelle, fille de Raoul le Lépreux, mais Philippe n'y a jamais fait frapper monnaie en qualité de comte de Flandre. Au surplus, les deniers d'Amiens n'appartiennent pas tous au système monétaire de Flandre."( Les deniers de l'Amienois étaient revendiqués tantôt en faveur de la Flandre, tantôt en faveur de l'Artois. L'opinion de Ch. Piot, qu'il afffirme basée sur des preuves irrécusables, est, en 1869, admise en France.)

"Il s'en suit donc que les deniers frappés à Ypres ne peuvent porter le nom d'un monétaire, et que celui décrit ci-dessus désigne Philippe d'Alsace, comte de Flandre..."

"... Ce qui démontre mieux encore que le denier au nom de Philippe est bien positivement de Philippe d'Alsace, c'est le type. Les monnaies, comme toutes les productions de l'esprit humain, portent l'empreinte de la mode qui régnait à l'époque pendant laquelle elles ont été frappées. Cette mode constitue, comme on le dit en terme techniques, le type monétaire. Sous le règne de Philippe d'Alsace, il était de mode de fabriquer des petits deniers d'arent très pur. Leur type se composait d'emblèmes laîques, souvent locaux, qui figuraient dans le champ de l'avers, et autour desquels est inscrit le nom du prince. Au revers se trouve une croix patté, cantonnée, ou de perles, ou de globules, ou d'astres, de croissants, qui sont des signes de gloire ou de vénération. Cette croix est inscrite dans un grenetis autour duquel règne la légende indiquant le nom de l'atelier monétaire."

(... la numismatique étant l'expression matérielle des idées qui régnaient à l'époque où les monnaies ont été frappées, elle en porte l'empreinte. Ainsi à l'époque de la création des abbayes, chapitres et autres établissements religieux, les monnaies portaient des emblèmes religieux, des saints, des églises. Elles témoignent de l'esprit religieux qui régnait à cette époque. Lors de la formation des communes, les signes et emblèmes communaux prennent place sur le numéraire. Plus tard, lorsque les communes déchurent de leur ancienne splendeur, et lorsque les souverains commencèrent à centraliser le pouvoir, les effigies des seigneurs et leurs armoiries supplantèrent sur la monnaie les emblèmes glorieux de la commune...)

Marguerite d Alsace et Baudouin VIII

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